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ACTIVITÉ LITTÉRAIRE D’ADOLPHE WAGNER

bleus irrésistibles. Mais il regrettait de s’être trouvé devant le grand homme dans un embarras on ne peut plus pénible par la faute de son ami qui, dans une bonne intention, avait imaginé de remettre à Schiller, avant la visite, un cahier de vers d’Adolphe Wagner. Le malheureux jeune poète fut donc forcé d’entendre de la bouche de Schiller des éloges qu’il savait ne devoir qu’à la bienveillante générosité du célèbre écrivain.

Plus tard, mon oncle s’adonna de plus en plus aux études philologiques. Un de ses ouvrages les plus connus dans ce domaine est le Parnasso Italiano, publication qu’il dédia à Goethe, en l’accompagnant d’une poésie en italien. Des connaisseurs m’ont assuré que ces vers étaient écrits en une langue inusitée et emphatique. Cela n’empêcha pas Gœthe de lui envoyer une belle lettre de remerciements, avec un gobelet d’argent dont le poète s’était servi personnellement. J’avais huit ans lorsque je vis ainsi mon oncle dans le cadre dont j’ai parlé. Sa personne me parut absolument étrange et énigmatique. Cependant, au bout de quelques jours, on me fit de nouveau quitter ce milieu pour me ramener à Dresde auprès des miens. Sous la direction de ma mère, veuve pour la seconde fois, ma famille avait cherché à se relever tant bieruque mal. Mon frère Albert, tout d’abord destiné à la médecine, avait suivi le conseil de Weber, qui vantait sa voix de ténor, et embrassé la carrière théâtrale à Breslau. Louise, la deuxième de mes sœurs, le suivit bientôt et se voua également à la scène. L’aînée, Rosalie, était déjà parvenue à une situation honorable au théâtre de Dresde et c’est autour d’elle que se réunirent les jeunes