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TRAHISON DE DORN

après l’échec de trois opéras, s’était retiré découragé du théâtre pour se tourner vers une pratique toute bourgeoise de la musique. Mais ensuite, grisé par le succès local de son Échevin de Paris, il avait trahi un ami et, donnant la main à la « vertu » personnifiée par Holtei, il s’était de nouveau consacré à la culture de la musique dramatique. Il avait été rappelé en Allemagne par une généreuse méprise de Liszt, qui l’avait tiré de l’oubli. La belle situation définitive qui l’attachait au plus grand théâtre lyrique d’Allemagne, l’Opéra royal de Berlin, il la devait à la sympathie du roi Frédéric-Guillaume IV pour les choses d’église. Désireux avant tout d’obtenir une bonne place dans une grande ville allemande, il avait volontiers, une fois de plus, abandonné la muse dramatique et accepté de devenir, sur la recommandation de Liszt, chef de musique à la cathédrale de Cologne. À l’occasion d’une fête de construction du dôme, il avait fait, comme musicien, tant d’impression sur l’esprit religieux du monarque, que celui-ci lui décerna le titre de maître de chapelle de la cour. Il conserva longtemps cette situation, cultivant de façon estimable la musique dramatique allemande, de concert avec Guillaume Taubert.

Je dois dire à l’honneur de J. Hoffmann, le nouveau directeur du théâtre de Riga, qu’il prit à cœur la trahison commise envers moi. Il me déclara que la nomination de Dorn ne comptant que pour un an, il ne renouvellerait pas son traité et que, au moment donné, il me rappellerait immédiatement. En outre, des amateurs de musique de Riga vinrent me proposer des leçons, l’organisation de concerts, etc., afin de me dédommager