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IRRITATION DE HOLTEI

cordes. Ce furent ces efforts, couronnés de succès, qui provoquèrent l’irritation de Holtei.

Nous eûmes bientôt un bon ensemble d’opéra. Je fus particulièrement stimulé par l’étude réussie de l’opéra de Méhul, Joseph vendu par ses frères. Le style noble et simple de cette musique émouvante influença favorablement mon goût musical, alors gâté de façon extraordinaire par la pratique du théâtre. Je fus heureux de sentir mes anciennes tendances sérieuses se réveiller en moi à l’audition de la comédie classique et je me souviens principalement d’une très bonne représentation du Roi Lear dont j’avais même suivi toutes les répétitions avec grand intérêt.

Ces impressions d’un ordre élevé n’eurent cependant pour résultat immédiat que de me rendre de plus en plus malheureux dans l’exercice de mes fonctions. D’un côté, les acteurs me devenaient toujours plus antipathiques, et de l’autre, les tendances artistiques de la direction me causaient un dépit croissant. Je fis alors, en ce qui concerne le personnel du théâtre, les expériences les plus pénibles sur le vide, la vanité et l’impudent égoïsme de cette classe de gens ignorants et déréglés.

À Magdebourg déjà, j’avais perdu le goût des relations peu choisies ; à Riga, il ne se trouva bientôt presque plus de membres de notre opéra avec qui je ne fusse brouillé pour l’une ou l’autre cause dérivant de leur caractère. Ce qu’il y avait de plus triste, c’est que dans ces luttes, où je n’étais poussé en vérité que par mon zèle pour la réussite de notre ensemble, je n’étais jamais secondé par le directeur Holtei. Bien au contraire, je m’attirai ainsi