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NOUVELLES DE MINNA

Je me mis à l’œuvre pour achever le texte de Rienzi, dont j’avais conçu le plan à Blasewitz, et je lui donnai des proportions si vastes que je me coupai volontairement toute possibilité de faire exécuter cet opéra ailleurs que sur les plus grandes scènes d’Europe.

Pendant que mes aspirations me poussaient ainsi à sortir des conditions mesquines des théâtres de second ordre, de nouvelles difficultés vinrent compliquer mon existence ; elles contribuèrent à me rendre encore plus sérieux, mais créèrent aussi de nouveaux obstacles à mes aspirations. La prima donna attendue n’étant pas arrivée, nous nous trouvions sans cantatrice de grand opéra. Le directeur accueillit donc avec plaisir ma proposition de faire venir Amélie Planer, la sœur de Minna. Elle se montra prête à accepter un engagement qui la rapprochait de moi. De Dresde, où elle se trouvait alors, elle me donna sa réponse définitive et me fit part en même temps du retour de Minna auprès de ses parents. Triste et démoralisée, celle-ci paraissait sérieusement malade. Cette nouvelle me laissa naturellement froid. Ce que j’avais appris sur Minna depuis qu’elle m’avait quitté pour la seconde fois m’avait amené à prier mon vieil ami Mœller de faire les démarches légales nécessaires à notre divorce. J’avais la preuve que Minna s’était arrêtée assez longtemps avec le fameux Dietrich dans un hôtel de Hambourg ; de plus, elle avait affiché si ouvertement notre séparation qu’on en parlait, dans le monde du théâtre surtout, d’une façon diffamatoire pour moi. Je dis tout cela à Amélie en lui enjoignant de m’épargner désormais d’autres détails sur sa sœur.