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MINNA À DRESDE

un appui tout amical, et qu’elle s’était vraiment dirigée vers Dresde. La supposition qu’elle ne s’était enfuie que pour échapper à une situation qu’elle jugeait désespérée, jointe à la nouvelle qu’elle n’avait accepté que l’aide platonique d’un homme ému par son chagrin, afin de pouvoir retourner auprès de ses parents, atténua à tel point mon exaspération première que je finis par avoir pitié de la malheureuse. Et je finis aussi par me faire des reproches, tant à cause de ma propre conduite qu’à cause de ma folie de vouloir entraîner Minna dans la misère avec moi. Cette manière de voir s’ancra dans mon esprit pendant le long voyage de Königsberg à Dresde. J’étais parti le 3 juin et j’avais passé par Berlin.

Lorsque je retrouvai ma femme dans le logis mesquin de ses parents, je ne pus lui exprimer que du repentir et de la commisération.

Il se confirma que Minna se croyait vraiment malmenée par son mari et qu’elle ne s’était enfuie que par crainte d’une misère devant laquelle je fermais volontairement les yeux. Ses parents me reçurent sans bienveillance ; l’état souffrant et nerveux de leur fille leur donnait assez de sujets de plainte contre moi. Je ne sais si mon propre état maladif, mon voyage précipité et tous mes témoignages de regret leur firent une impression quelconque ; leur manière d’être à mon égard me demeura incompréhensible. Je crus cependant remarquer que je produisis un certain effet en leur annonçant les chances que j’avais d’obtenir, à d’excellentes conditions, la place de chef d’orchestre du théâtre qui allait être inauguré à Riga.

Je ne crus pas avoir le droit d’insister sur la régulari-