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MORT DE GEYER

sanglotant que notre père était mort. En guise de bénédiction, elle nous rapporta ses dernières paroles. À moi, elle me dit : « Il aurait voulu faire quelqu’un de toi. »

L’après-midi, le pasteur Wetzel me ramena à la campagne. Nous retournâmes à pied et n’atteignîmes Possendorf qu’à la tombée de la nuit. En route, je questionnai longuement mon compagnon sur les étoiles, et, pour la première fois, il me donna une explication raisonnable des astres. Huit jours après, nous vîmes apparaître le frère du défunt. Venu d’Eisleben pour l’enterrement, il avait promis de faire son possible afin d’aider notre famille, qui se voyait de nouveau sans ressources, et il s’était chargé de pourvoir désormais à mon entretien et à mon éducation. Je pris donc congé de mes jeunes camarades et de l’aimable pasteur. Je ne devais revenir à Possendorf que quelques années après, pour ses obsèques.

Beaucoup plus tard, j’y retournai un jour, au cours d’une de ces excursions que je faisais souvent à pied, lorsque j’étais chef d’orchestre à Dresde. Je fus tristement ému de ne plus retrouver le vieux presbytère, remplacé par une construction moderne plus vaste ; cela me fit si grand chagrin que, depuis lors, je ne dirigeai jamais plus mes pas de ce côté-là.

Mon oncle m’emmena, en voiture cette fois, à Dresde, où je trouvai ma mère et mes sœurs en grand deuil. Je me souviens que, pour la première fois, je fus accueilli avec une effusion dont nous n’étions pas coutumiers dans la famille ; cette effusion se manifesta encore au moment où je partis pour Eisleben avec mon oncle. Ce frère puîné de mon beau-père était orfèvre ; un de mes frères