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EXPLICATION AVEC M. DIETRICH

table d’hôte d’une manière qui supposait une inquié tante intimité entre lui et ma femme. Je soupçonnai alors que Minna avait avec cet homme des relations qui m’étaient cachées et qu’elle lui faisait des confidences sur ma conduite envers elle et sur notre position critique. Accompagné de Schmitt, j’allai trouver Dietrich chez lui, afin de lui demander des explications. Il nia, bien entendu ; mais, secrètement, il fit part de ma démarche à Minna et celle-ci y trouva de nouveaux motifs de se plaindre de mon manque d’égards.

Il en résulta une aggravation de notre attitude mutuelle ; nous n’entamâmes plus certains sujets. Pour comble de malheur, la direction du théâtre était arrivée, vers la fin de mai 1837, au point que j’ai mentionné plus haut. Elle dut faire appel à l’aide dévouée de la troupe pour pouvoir continuer de jouer. Ainsi que je l’ai dit déjà, cet état de choses m’atteignit moi-même très sensiblement. Je n’avais cependant d’autre alternative que de supporter patiemment toutes les difficultés. De mon propre chef, et sans y immiscer Minna, mais avec le secours de mon excellent ami Schmitt, je pris les dispositions nécessaires pour assurer ma place au théâtre de Königsberg. J’avais l’esprit si absorbé par ces tracas et par mon infatigable participation aux affaires de la scène, et j’étais si peu à la maison que je n’eus pas le temps de remarquer la froideur et le silence de Minna durant ces jours-là. Le matin du 31 mai, j’avais pris congé d’elle pour me rendre aux répétitions et aux travaux qui m’attendaient au théâtre. Je ne pensais rentrer que vers le soir. Or, depuis quelque temps, elle avait auprès