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PRÉPARATIFS DU MARIAGE

direction déterminée de mon vieil ami Mœller, je vins à bout des difficultés qu’opposait la loi à l’acte du mariage. Selon le code prussien, l’homme majeur qui veut se marier n’a pas besoin du consentement de ses parents. Mais, d’après ce même code, je n’avais pas encore atteint ma majorité. J’eus donc recours aux lois saxonnes, dont je dépendais par ma naissance, et aux termes desquelles j’étais devenu majeur à vingt et un ans. Il n’était nécessaire de publier nos bans que dans le lieu où nous avions élu domicile la dernière année. Cela se fit sans obstacle à Magdebourg. Les parents de Minna n’ayant pas, d’autre part, refusé leur consentement, il ne nous restait plus qu’à nous rendre ensemble chez le pasteur de la paroisse de Tragheim. Cette visite ne fut point banale.

C’était le jour de notre bénéfice. Minna devait jouer le rôle pantomimique de Fenella, mais son costume n’était pas prêt et il y avait encore un tas de choses à commander et à arranger. Une pluie froide de novembre gâtait notre humeur et cette mauvaise humeur devint de l’exaspération quand nous nous vîmes condamnés à attendre indûment dans le corridor ouvert de la cure. À propos de rien, une discussion s’éleva entre nous ; elle dégénéra rapidement en dispute où les termes véhéments et les reproches réciproques se succédèrent sur un ton très élevé, si bien que nous étions prêts à décamper chacun de notre côté, quand le pasteur, qui avait entendu le bruit de nos voix, ouvrit la porte et, d’un air embarrassé, nous pria d’entrer. Il fallut donc reprendre une mine souriante, et le comique de la situation nous rendit notre gaieté.