Dresde. Ce ne fut que bien des années après sa mort, et ma famille étant retournée à Leipzig, que je repris, dans le cercle de ma première parenté, le nom de Richard Wagner.
Mes plus anciens souvenirs se rattachent à ce beau-père et vont de lui au théâtre. Je me rappelle distinctement qu’il eût désiré voir un talent de peintre se développer en moi ; son atelier, avec son chevalet et les toiles qui l’encombraient, n’était pas sans m’impressionner. Ainsi je me souviens que je m’appliquai avec une ardeur tout enfantine à copier un portrait du roi de Saxe, Frédéric-Auguste. Mais dès qu’on essaya de remplacer ce coloriage naïf par un enseignement sérieux du dessin, j’abandonnai crayon et pinceau ; peut-être aussi ai-je été rebuté par la manière pédante de mon professeur, un mien cousin fort ennuyeux.
Dans ma plus tendre enfance, je fis une maladie de croissance qui faillit m’emporter ; ma mère m’a raconté que, me croyant perdu, elle fut sur le point de souhaiter ma mort. Au grand étonnement de mes parents, je me rétablis pourtant tout à fait. Plus tard, j’ai appris qu’en cette occasion aussi, mon excellent beau-père fit preuve d’un dévouement absolu : il ne désespéra point, et malgré la fatigue et le souci d’une nombreuse famille, il ne se départit jamais de sa patience et conserva jus qu’au bout l’espoir de ma guérison.
Vers cette époque, le théâtre exerçait un grand empire sur mon imagination. Je n’y pénétrais pas seulement comme enfant spectateur ayant sa place dans la loge mystérieuse communiquant avec la scène, ou comme habitué des coulisses admirant les costumes extraordinaires et