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ANALYSE DE LA PIÈCE

sa sœur Isabella qui ira implorer sa grâce et réussira peut-être à attendrir le cœur du sévère gouverneur. Luzio promet à son ami de courir au couvent de Sainte-Élisabeth, où Isabelle vient d’entrer comme novice.

« Là, dans les murs paisibles du cloître, nous apprenons à connaître cette sœ ur ; elle est en conversation avec une amie qui est novice aussi. Elles ont été longtemps séparées, et Marianne découvre à son amie le triste destin qui l’a amenée dans ce lieu. Elle a eu des relations d’amour secrètes avec un grand seigneur qui l’a abandonnée après lui avoir promis fidélité éternelle ; elle se trouve dans une profonde misère et, de plus, en butte aux persécutions de ce traître, qui est l’homme le plus puissant de l’État. Ce n’est, en effet, personne d’autre que le gouverneur royal. L’indignation d’Isabelle éclate en un chant impétueux et elle ne s’apaise qu’après avoir pris la résolution d’abandonner à jamais un monde où se commettent de tels crimes. Lorsque Luzio vient lui faire part du sort qui attend Claudio, l’horreur que lui inspirait le méfait de son frère devient de l’exaspération contre la honteuse hypocrisie du gouverneur qui a l’impudence de punir si cruellement une faute que ne souille du moins pas la trahison. Ses transports violents la montrent sous un jour trop séduisant à Luzio ; enflammé aussitôt d’une ardeur brûlante, il la supplie de quitter le couvent et de lui accorder sa main. Elle remet l’impertinent à sa place, mais accepte sans hésiter son escorte pour aller chez le gouverneur.

« Suit une scène de tribunal que je fais débuter par l’interrogatoire burlesque de quelques criminels ayant