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LA PARTITION DES « FÉES » ACHEVÉE

caresses. Longtemps j’en ai conservé le souvenir. Pourtant, je n’ai jamais entretenu de correspondance avec Frédérique Galvani.

Deux ans plus tard, repassant par Wurtzbourg, j’allai la voir. La pauvre enfant s’approcha de moi, pleine de honte. Son joueur de hautbois lui était resté fidèle, mais elle était devenue mère et le mariage n’avait toujours pas pu se faire. Depuis lors, j’ignore ce qu’elle est devenue.

Malgré ces distractions et ces émotions, je travaillais assidûment à mon opéra. La sollicitude si tendre de ma sœui Rosalie m’en avait donné le courage. Lorsque au début du semestre d’été j’avais été privé des ressources que me procuraient mes fonctions de directeur de chœur, ma sœur avait à nouveau pris sur elle de me fournir d’argent de poche, de sorte que, sans crainte d’être à charge à personne, je pus m’adonner exclusivement à mon travail. Beaucoup plus tard, j’ai retrouvé une longue lettre qu’à cette époque j’avais adressée à Rosalie. Les termes de cette missive témoignent de l’affection tendre et presque mystique qui m’unissait à ce cœur d’élite.

Avec l’hiver, mon frère revint aussi et le théâtre rouvrit ses portes. Cette fois, cependant, je n’y fus plus occupé. Mon activité se déploya spécialement dans les concerts de la société de musique, par laquelle je fis exécuter mon ouverture en ut majeur, ma symphonie et enfin quelques morceaux de mon nouvel opéra Mlle Friedel, une dilettante à voix fort belle, chanta le grand air d’Ada ; on joua aussi un trio dont mon frère fut un des exécutants. Il m’avoua que cette musique lui