Page:Wagner - Ma vie, vol. 1, 1813-1842.pdf/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

98
SYMPHONIE EN « UT MAJEUR »

l’annonça pas tout d’abord sur le programme, bien qu’elle fût dirigée par le chef d’orchestre Dorn. Mais l’exécution ayant eu lieu sans protestation de la part du public, qui l’écouta au contraire sans la troubler, on la donna dans la suite avec le nom de l’auteur, avant toutes les représentations assez fréquentes de ce drame.

J’entrepris alors une grande symphonie en ut majeur dans laquelle je montrai tout ce que j’avais appris et où je fondis le résultat de mes études sur Beethoven et sur Mozart pour composer une œuvre musicale vraiment exécutable et d’agréable effet. La fugue finale n’y manquait pas, et les thèmes en étaient de telle nature qu’ils pouvaient tous être disposés étroitement en contrepoint. Néanmoins l’élément passionné et hardi de Beethoven, notamment celui de la première partie de la Symphonie héroïque, n’était pas resté sans influence marquée sur ma conception. Dans l’andante, on distinguait même des échos de mon ancien mysticisme musical. Un effet interrogatif répété, produit par le passage de la tierce mineure à la quinte, reliait, dans ma pensée, à mes premières rêveries d’enfant, cette œuvre écrite avec un sincère désir de clarté.

Lorsque, l’année suivante, je tâchai de faire exécuter ma symphonie au « Gewandthaus » et que, dans cette intention, j’allai faire visite à Frédéric Rochlitz, le Nestor des amis de la musique à Leipzig et président de la Société des concerts, il fut étonné de voir en moi un homme si jeune : le caractère de ma partition, qu’on lui avait donnée à lire, lui avait fait attendre un musicien d’expérience.