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réalisable : mais — les interprètes? ! Quand j’y pense, je soupire profondément. Naturellement, je devrai m’adresser à de jeunes artistes, qui n’auront pas encore été « ruinés » complète- ment par nos scènes d’opéra : je ne songe pas un instant à m’adresser à des « célébrités ». Il faudra voir naturellement comment il sera possible de faire l’éducation de mon jeune monde ; ce que je préférerais, ce serait d’avoir ma troupe sous la main pendant une année, sans qu’elle paraisse en public ; je devrais être quotidiennement en communication avec mes artistes, les mettre à l’épreuve comme hommes et artistes, et les laisser ainsi mûrir peu à peu pour la tâche à accomplir. Bref, en admettant les circonstances les plus favorables, je ne dois pas compter sur la première exécution avant l’été de i858. Qu’importe, au demeurant, ce que cela durera ! C’est un stimulant qui me donne la force de vivre que de concentrer de la sorte mon activité sur un projet qui est à moi tout entier. Pour le reste, je demeure sourd à tous tes conseils relativement à l’organisation de ma vie : en cette matière, on ne fait rien soi- même, tout se fait. Moi aussi, je t’assure, j’ai déjà pensé souvent au « laboureur » : pour redevenir un homme sain, je suis allé, il y a deux ans, dans une station faire une cure d’hydrothérapie ; je voulais abandonner l’art et tout, pour redevenir un homme de la nature. Cher, que j’ai ri depuis en pensant à ce naïf propos, j’étais sur le point de devenir fou! Aucun de