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excitée par leur arbitraire capricieux, mais notre désir de nous trouver en face de sentiments humains, clairement exprimés, reste forcément inassouvi. Et nous ne rencontrons l’artiste vrai que dans les passages où il a le sentiment de son incapacité et où son âme défaillante laisse parler sa résignation, faite d’une certaine noblesse et de mélancolie. Alors, Mendelssohn se représente subjectivement, mais son individualité fine et tendre est obligée de manifester son impuissance et sa faiblesse. Et c’est là, comme nous l’avons dit, que réside le côté tragiquement cruel du cas de ce compositeur ; et c’est pourquoi, si nous devons accorder dans le domaine de l’art quelque sympathie à l’individu pris en lui-même, nous ne pourrions à plus forte raison la refuser à Mendelssohn, bien que nous restions persuadés que le tragique de son cas était inhérent au compositeur, celui-ci n’en ayant pas réellement conscience.

Pourtant, Mendelssohn reste le seul compositeur Juif, éveillant en nous une pareille sympathie. Il s’est trouvé un autre compositeur Juif contemporain, et qui est universellement connu, mais il n’a en vue que de créer ses productions musicales afin d’exploiter — puisqu’on ne pouvait plus le corrompre — le goût public. Ceux qui vont dans nos théâtres modernes d’opéra ont depuis longtemps pris pour habitude d’être très peu sévères à l’égard de toute œuvre dramatique ; il en est d’ailleurs ainsi pour la généralité des productions de bon goût. Les salles de spectacle sont, dans la plupart des cas, remplies par des gens appartenant à notre bourgeoisie et qui à la base de toutes