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dans l’indifférence générale, dont il se rendra d’autant plus compte qu’il voudra davantage descendre les échelons de cette société pour y chercher des motifs d’émotion artistique. Plus il descendra et plus cette indifférence se muera en une répugnance, car le peuple n’ayant aucun lien social l’unissant à lui, et n’étant pas limité par son intérêt, dans l’expression de ses sentiments, ne craindra pas – comme les classes riches – de témoigner au Juif sa profonde inimitié.

Rejeté par ce peuple d’une manière nettement injurieuse, le Juif cultivé se voit contraint de revenir à sa propre race, qu’il saura tout au moins mieux comprendre, qu’il ne l’a fait pour le peuple précité : c’est à cette race qu’il demandera alors une inspiration artistique. Il pensera à cette source mais n’en tirera qu’une façon de faire, et non sujet à traiter.

Il n’existe pas d’art juif, par conséquent point non plus de vie créatrice d’art. Un chercheur ne pourrait pas trouver dans la vie juive, une matière d’art d’ordre général et profondément humain ; il ne se trouverait qu’en face de la manière propre aux Juifs d’exprimer leurs sensations, manière que nous avons déjà caractérisée. Pour un musicien juif, il ne peut donc exister qu’une seule source d’art populaire juif : celui qui a cours dans les synagogues et qui a pour thème le culte de Jéhovah.

Nous sommes tout disposé à admirer en toute sincérité la noblesse des cultes religieux en leur pureté originelle, mais pour autant nous nous voyons forcé de convenir que le culte juif s’est transmis d’une façon désastreuse