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assassine qui l’aura ! Qu’une dévorante envie ronge quiconque ne l’a pas ! Qu’il enflamme l’avarice de tous, sans utilité pour personne ![1] Que, toujours fatal à son Maître, il le guide vers ses égorgeurs ! Qu’il paralyse le lâche par l’horreur de la mort ! Qu’il fasse de la vie même une continuelle mort ! Que le Maître de l’Anneau soit le valet de l’Anneau — jusqu’au jour où l’objet du vol reviendrait en mes mains, à moi ! — Voilà comment, du fond de son horrible détresse, le Nibelung bénit son Trésor ! Garde-le, soit, garde-le bien : car tu n’échapperas pas à ma Malédiction !

(Il disparalt rapidement dans la faille.)
LOGE

As-tu prêté l’oreille à son salut d’amour ?

WOTAN, perdu dans la contemplation de l’Anneau.

Laissons-lui le plaisir de baver !

(Le voile de brouillard s’éclaire graduellement à l’avant-scène.)
LOGE, regardant vers la droite.

Fasolt, et Fafner, viennent là-bas ; ils ramènent Freya.

(Arrivent, du côté opposé, FRICKA, DONNER et FROH.)
FROH

Vous voici de retour.

DONNER

Bienvenue à toi, frère !

FRICKA, anxieuse, court à WOTAN.

M’apportes-tu d’heureuses nouvelles ?

  1. « Alors le nain dit que quiconque posséderait cet anneau, le payerait de sa vie. Loki reprit qu’il pouvait en advenir ainsi qu’il le disait, mais que ce serait l’affaire de celui qui posséderait l’anneau à l’avenir. » (Edda de Snorro.) « Le nain se rendit au Burg et dit : « Maintenant cet or que Gustr possédait causera la mort de deux frères et de huit nobles guerriers. Nul ne jouira de mon or. » (Sigurdakvidha Fáfnisbana önnur.)