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garde à toi, Dieu tout-puissant ! Si j’avais commis un crime, moi, je n’en devais compte à personne, qu’à moi : mais si tu oses, toi, l’Eternel, sans pudeur, m’arracher l’Anneau, c’est sur tout ce qui fut dans le passé, tout ce qui existe dans le présent, c’est sur tout ce qui sera dans l’avenir que retombera ton propre forfait !

WOTAN

Assez de phrases ! L’Anneau ! Ton verbiage ne prouvera pas tes droits sur lui.

(Avec une force irrésistible, il arrache, au doigt d’ALBERICH, l’anneau.)[1]

ALBERICH, avec un cri horrible.

Malheur ! Perdu ! Anéanti ! Le plus malheureux des esclaves !

WOTAN s’est mis au doigt l’Anneau, qu’il contemple avec complaisance.

Ainsi , je m’élève au rang suprême : le plus omnipotent des Maîtres !

LOGE

Puis-je le détacher ?

WOTAN

Détache-le !

LOGE détache les liens d’ALBERICH.

Glisse-toi donc chez toi ! va-t-en : tu es libre !

  1. « Loki voyait tout l’or que possédait Andwari. Mais, quand celui-ci eut livré tout le trésor, il retenait encore un anneau. Loki le vit et le lui enleva aussi. » (Sigurdakvidha Fáfnisbana önnur.) « Loki le vit et lui ordonna de donner aussi l’anneau. Le nain demanda de pouvoir garder cet anneau… mais Loki lui répondit qu’il ne lui laisserait rien, et, lui prenant l’anneau, s’en alla. » (Edda de Snorro.) « Il retourna vers la demeure de Hroidmar et montra l’or à Odhin, et, quand Odhin vit l’anneau, il le trouva beau. Il s’en empara… » (Id.)