Page:Wagner - La Tétralogie de l’Anneau de Nibelung, 1894.djvu/97

Cette page n’a pas encore été corrigée

AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR

93

moment, qu’à indiquer comment la forme mélodique peut être élargie, vivifiée, quelle influence enfin peut être exercée sur elle par un poème qui y répond parfaitement. n (1)

D’abord, la Poésie s’y résignera-t-elle, à n’être plus (en apparence) qu’une auxiliaire de la Musique, à se fondre intimement avec elle, et surtout avec cette

musique dont la symphonie de Beethoven nous a révélé la puissance infinie ? La Poésie, réplique Wagner, en trouvera sans peine le moyen dés qu’elle apercevra, dans la Musique

ce besoin de clarté, qu’à son tour la Poésie peut seule satisfaire, elle reconnaîtra que sa secrète et profonde aspiration est de se résoudre finalement dans la Musique (2). En effet, un penchant

naturel au poète, et qui domine chez lui la conception comme la forme,

est d’employer l’instrument des idées abstraites, la langue, de telle sorte qu’elle agisse sur la sensibilité elle-même. Le poète cherche, dans son langage, à SMÔs~Ke~*à la pa/eKr abstraite et conce /t/ïo~e~e des mots leur signification sensible et originelle ; l’arrangement rythmique et l’ornement (déjà presque musical) de la rime,

~c l’allitération, < lui

sont des moyens d’assurer au vers, à la phrase, une puissance qui captive comme par un charme et gouverne à son gré le sentiment. Essentielle au poète, cette tendance le conduit jusqu’à la limite de son art, limite que touche immédiatement la Musique ; et par conséquent l’oeuvre la plus complète du poète devrait être celle qui, dans son dernier achèvement, serait une parfaite musique (3). »

"Le poète, qui a le sentiment de l’inépuisable pouvoir d’expression de la mélodie symphonique, se verra conduit à étendre son domaine, à (i) Lettre sur la Ilusique, p. LXXI. (2)/d., p. XL !n.

(3)M., pp. XXXI-XXXU.