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AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR

ventionnel des idiomes modernes. (1). Issue d’une

signification des mots toute naturelle, personnelle et sensible, la langue de l’homme se développa dans une direction de plus en plus abstraite, et finalement les mo~s

ne conservèrent plus qu’une signification conventionnelle le sentiment perdit toute participation à l’intelligence des vocables, en même temps que l’ordre et la liaison de ceux-ci finirent par dépendre d’une façon exclusive et absolue de règles qu’il fallait apprendre.

(2). On dirait que, sous la pression des conventions civilisées, le sentiment humain s’est exalté, et a cherché une issue qui lui permit de suivre les lois de la langue qui lui est propre, et de s’exprimer, d’une manière qui lui Fût intelligible, avec une entière liberté et une pleine indépendance des lois logiques de la pensée- (3). En revanche, s’il est vrai que c la musique, malgré l’obscurité de sa langue" selon ces lois, se fait nécessairement comprendre de l’homme avec une puissance victorieuse que ces mêmes lois ne possèdent pas (4) il n’est pas moins certain qu’il y a, < dans la marche de l’intelligence

certaine

inévitable phase,

où elle se sent pressée de découvrir la loi qui préside à l’enchaînement des causes, et se pose, en présence de tout phénomène dont elle reçoit une forte impression, cette question involontaire : < Pourquoi ? p (5)– Do

là l’espèce de crainte où tombe le compositeur de dépasser certaines limites de l’expression musicale par exemple, de porter trop haut la tendance passionnée et tragique caw il éveillerait par là des émotions et une attente qui ne pourraient que faire naitre dans l’auditeur la question importante du < Pourquoi ? o. Or (i) Lettre !Mf WtM~M~p. XLÏ.

(S) p. XLII.

(3)Id., ibid.

(4)M., p. XLIII.Cf. p. 89, note (~. 5) M., pp. XUH-XL1V.