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AVANT PROPOS DU TRADUCTEUR

s’offrirent à~ moi les raisons, douloureusement cher-

chées de la chute de cet Art incomparable mon atten-

tion s’arrèta, premièrement,

sur les causes sociales de

cette chute, et je crus les trouver dans les raisons qui avaient amené celle de l’état antique lui-même (1). < Je suivis le déclin-de l’Art qui accompagna le déclin de l’influence grecque je montrai comment, dégénérant sous la civilisation romaine et réprimé par l’esprit du christianisme,

il ne pouvait plus ensuite, après sa résurrection à l’époque de la Renaissance, être qualifié d’expression libre et naturelle de la vie nationale d’un grand peuple ; comment il était obligé de sacrifier sa valeur si noble et sa véritable inspiration populaire, d’abord pour le service des caprices et du faste des princes et des aristocrates, ensuite au profit du commerce et fies hypocrisies

de la société moderne. Il

est vrai que, avec la disparition de l’antique et inhumaine institution de l’esclavage et l’extension dt< l’idée chrétienne de l’égalité des hommes, le véritable Art vit s’ouvrir devant lui un plus noble et plus large domaine, dans lequel il pourrait, pour la première fois, avoir atteint son apogée en traduisant les idées de l’homme libre dans ses relations vraies et sans entraves de ce genre mais’une telle civilisation, fondée sur la liberté, n’est jamais venue pleinement à l’existence. L’homme moderne n’est un être ni libre ni consistant. Mille Intérêts différents divisent sa vie changeante et la remplissent d’une perpétuelle inquiétude, et c’est seulement dans leur commun esclavage, sous l’empire des chimères et des nécessités sociales, que les hommes sont réellement égaux. Il n’y a qu’une grande révolution de l’humanité en général qui pourrait rendre possible la liberté de l’individu, et il n’y a qu’un

mouvement révolutionnaire dans un tel sens, (t) Lettre sur la ~i !t ?«c, pp. XXIII-XXIV.