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AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR

l’humaine, de l’ubiquitaire, de la sempiternelle Réalité psychique

Si l’Humanité même est un grand arbre en vie, dont chaque Race est un grand rameau, chaque Artiste une frémissante feuille, comment la feuille s’y prendrait-elle,

sans l’intermédiaire du rameau, pour renvoyer au tronc, revivinés en elle, les éléments vitaux que, sans cet intermédiaire, elle n’aurait pu s’assimiler ? En langage moins métaphorique

puisque Wagner

voulait impartir, à son œuvre, une valeur générale humaine puisque allemande, italienne, française, une œuvre d’Art ne saurait avoir cette valeur qu’à condition d’être, avant tout, respectivement conforme au génie des

Allemands, des Italiens ou des Français, s’étonner,

s’indigner que Wagner, artiste allemand, ait hni par ju-er impossible, en Allemagne, toute formule dramatique italienne ou française, ne serait-ce pas aussi sot qu’il le serait de s’indigner parce que Wagner, poète allemand, n’aurait pas appliqué, dans ses poèmes allemands, les règles des grammaires italienne ou française ? Telle est bien, en effet, la portée de la question que s’était posée Richard Wagner : Il Possible Il en Italie, non moins possible en France, l’opéra n’est-il pas impossible en Allemagne ? Et lorsque, après avoir precedemment montré combien normale était, parmi les races latines, la situation faite aux auteurs d’opéras, lorsque j’aurai montré, ci-dessous, quelle devenait cette situation dans la patrie de Richard Wagner, peut-être

saisira-t-on mieux pourquoi ce problème de l’opéra, quelques fuites internationales qu’en comportàt la solu-

tion, ne pouvait se dresser alors, aussi impérieusement, que devant un auteur germanique (~1). Quand l’Allemagne reçut l’opéra, constate Wagner, c’était un produit étranger, qui, né en Italie, acclimaté en France, tendait et prétendait à s’imposer tel quel, (t) Cf. Lettre sur la Musique,nouv. éd., p. !X.