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AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR

donc ! la cause en était-elle, en tout et pour tout, im- putable, aux ridicules misères des guignols de l’Allemagne ? Le genre n’y était-il pour rien ? L’œuvre n’y était-elle pour rien ? Car enfin, comment se faisait-il que même ces ridicules misères des guignols de province allemands, même l’imbécillité du livret germanique, ne l’eussent pas empêché, lui, Richard Wagner, d’être jusqu’aux entrailles ému d’un Freyschütz ?

Problèmes déconcertants, mais non pas insolubles : la solution, Wagner la pressentait bientôt, lors d’une audition, au Conservatoire, de cette Symphonie avec Chœurs à laquelle son génie doit tant, puisqu’elle contenait en germe toutes les floraisons du Drame-Musical-Poétique-Plastique (1). Il est tel écrit de cette époque qui, document précieux, nous permet d’évoquer les premiers essors, les premiers coups d’aile, les premières tentatives de sa pensée mal drue, lassée du nid des conventions, pour s’en évader vers le ciel de l’Art, - désormais irradié, pour elle, du pur, de l’omniscient

(1) Cf. L’Œuvre et la Mission de ma Vie, pp. 42, 58, 77. - Du reste, si ce fut bien à Paris que les exécutions « réellement parfaites » données par Habeneck au Conservatoire, furent décisives pour le génie de Wagner, la première impression profonde, qu’il eût ressentie, de cette terrible page musicale, datait de sa toute première jeunesse au Gewandhaus de Leipzig, déjà elle avait été ce qu’il appelle « la source mystique de mes plus hautes extases. » (Id., p. 29). Enfin, lorsque la pierre d’assise du Théâtre des Festivals (Festspielhaus) fut posée à Bayreuth (1872), cette grande journée fut célébrée par une exécution modèle de la Symphonie avec Chœurs : « elle-même était la pierre d’assise de l’Art national qu’avait donner au peuple allemand le premier exemple actuel d’une grande solennité scénique, d’une représentation dramatique et musicale qui serait la perfection même. » (Id., p. T7). - Cf. ci-dessous encore l'Avant-Propos, pp. 60, 85-86, 89, 91 ; et les pages profondes consacrées, soit à Beethoven dans le tome IX, soit à la Neuvième Symphonie dans le même tome IX, et dans le tome II des Gesammelte Schriften und Dichtungen.