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AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR

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l’état dans lequel j’ai placé mon esprit par foi ; quelque « étrange supplice » que m’impose, à moi comme à Richard Wagner, un semblable « anormal » état. Et, quand je me sentirai trop proche de cette « impatience passionnée » qui m’empêcherait, suivant Wagner, de consacrer au style le temps obligatoire ; ou,si je me sens trop loin du « calme » et du « sang-froid » qui doit être « le propre du théoricien », j’abdiquerai ma voix personnelle, pour faire ou pour laisser parler celle du génie (1). Aussi bien n’est-ce pas moi qui compte ici pour rien ; et ce n’est pas d’être original que je me propose, mais d’être exact.

Qu’il me soit avant tout permis de remémorer que, si insuffisantes que soient la plupart des biographies françaises de Wagner, je n’ai pu pour cet Essai songer qu’à préciser, parmi les circonstances de sa carrière d’artiste, celles qui m’ont semblé plus directement intéresser le présent labeur de Traduction et d’Edition. Sûr dés lors, de par cette déclaration catégorique, pour la deuxième fois formulée, qu’on ne m’imputera pas à forfait certaines omissions volontaires, je tendrai droit au but et tout d’abord noterai : quiconque recherchera quels faits, dès l’enfance de Richard Wagner, purent être significatifs d’une évidente vocation d’Art, constatera la précoce facilité qu’il eut à s’exprimer en vers métriques. « Ce ne fut que plus tard » dit-il lui même, - quand déjà ses études, l’ayant fait pénétrer dans l’antiquité surtout grecque (2), lui avaient

(1) Etant donné le Public auquel s’adresse ce livre, j'ai cru ne devoir citer ici (autant que possible) que les œuvres déjà traduites : à force de les voir mentionnées, peut-être éprouvera-t-il le désir de les lire ? Pour ma part, j’en vais éditer bientôt deux. autres, et même trois, s’il faut tenir compte de L’Art et la Révolution. - Sur ce double sujet, plus nettement m’expliquerai-je ; cf., ci-dessous, pp. 78-80 ; et p. 87, note (3).

(2) Lettre sur la Musique, nouv. éd., p. XVIII. Cf. L'Œuvre et la mission de ma vie, trad. Hippeau (Dentu, éd.), pp. 25 et 27.