Page:Wagner - La Tétralogie de l’Anneau de Nibelung, 1894.djvu/36

Cette page n’a pas encore été corrigée

32

AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR

d’un Henry Bauer (1), peuvent suffire, non certes à réparer le mal, mais à faire naître ici, dans quelques âmes sincères, la bonne volonté de réagir ; et loin de le signaler, ce volume, loin de le provoquer, cet article,

de vue surtout thématique : c’est dire que ce même point de vue reste aussi bien traité que l’a permis à l’auteur, alors, le peu de place dont il disposait ; toutefois, pour des raisons d’ordre particulier (encore que M. Alfred Ernst ait généreusement accordé, à mon ami Barthélémy, la gracieuse autorisation d’en utiliser maints passages pour son Commentaire Musicographique) j’aurai l’ingratitude de ne pas recommander l’œuvre : - L’Art de Richard Wagner la supplée si richement ! Oui : je n’ai, à l’heure présente, jamais vu M. Ernst ; jamais je ne le verrai sans doute ; mais j’affirme, sans craindre qu’on ne me contredise, que ce livre, de toute la Critique wagnériste, est le seul livre français qui puisse, actuellement, donner de l’Art de Wagner une idée nette, complète, libre de toute erreur sérieuse. - Je n’aurais de réserves à faire que : sur un seul chapitre, intitule : L’art Religieux (mais cela n’importe pas ici); sur l’absence d’un chapitre synthétique final (mais sans doute fut-il plus logique de le réserver pour le second volume annoncé, si impatiemment attendu); enfin sur ce fait que l’auteur, en sa piété d’ailleurs touchante, suppose que son public a tout d’abord eu soin de prendre la connaissance des Drames. Or, où l’aurait-il prise - pour L’Anneau du Nibelung ? Dans la version Wilder ? Non, verra-t-on bientôt. Cette lacune, le présent volume va la combler ; et alors, d’être mieux intelligible encore, l’œuvre de M. Ernst n’en paraîtra que plus belle. Sur la Langue, la Métrique, la Plastique, la Mimique, le Décor, les Sources, les Symboles, on y trouvera, plus développées, sous une forme à la fois savante et captivante, une foule d’observations que je ne pouvais qu’indiquer, de citations traduites pour la première fois (j ai fait mon profit de quelques-unes, mais le livre de M. Ernst en fournit seul le commentaire); bref une véritable encyclopédie de l’œuvre poétique wagnérienne, un monument durable auquel je me fais une joie de rendre ce public témoignage.

(1) Je laisse à cette place ces deux noms, parce qu’ils sont venus sous ma plume dans le feu de la première improvisation : n’obsèdent-il pas l’esprit de quiconque, ayant une cause d’Art à soutenir, manque, hélas ! de l’autorité qu’il y faudrait ? J’entends bien néanmoins que ceux qui portent ces noms sachent, et me fassent l’honneur de croire : qu’à personne je ne demande rien, ni pour moi-même, ni pour ce livre. - C’est pour l’Art de Wagner, seulement, que j’espère en eux !