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AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR

au résultat de cet effort, il n’y a pas lieu d’appliquer l’appréciation, de Wagner même, sur la Symphonie de Beethoven : que son Drame « se dresse devant nous comme une colonne, qui indique à l’Art une nouvelle période » ; car avec ce Drame de Richard Wagner « a été enfantée, au monde, une œuvre à laquelle l’Art d’aucune époque, ni d’aucun peuple y compris l’Art de la Hellade, « n’a rien à opposer qui en approche, ou qui y ressemble (1) ».

Qu’on n’aille pas dénaturer le sens des affirmations qui précèdent. Loin de moi l’idée d’insinuer qu’une Traduction, fût-elle parfaite, fût-elle adaptable sans une erreur, sans une faiblesse, à la Musique, suppléera jamais pour ce Drame à des représentations exactes : j’ai dit, au contraire, et je redis, qu’à cette condition d’être exactes, seules des représentations sauraient, mieux que n’importe quelle autre épreuve, révéler la nécessité, montrer la possibilité, non seulement d’un Art-Dramatique nouveau, mais, sans autre épithète, d’un plus noble Art nouveau. J’ajoute ici qu’une traduction ne suppléerait même, à mon avis, ni aux représentations françaises, tout antiwagnériennes qu’elles soient, ni aux sélections des concerts publics, plus antiwagnériennes encore ; mais peut-être permettrait-elle, précédée de cet Avant-Propos, flanquée d’irrécusables gloses, peut-être permettrait-elle seule : d’aller à ces représentations, d’assister à ces sélections, avec des chances d’en découvrir... - L’inutilité ? - Ce serait excessif... - L’insuffisance alors ? - Voilà !

Possible est-il d’ailleurs qu’une découverte telle n’influerait, en aucune manière, sur l’insuffisant train des choses. Il n’en est pas moins vrai qu’il la faut faire d’abord ! Il n’en est pas moins vrai que tous ceux, qui l’auront faite, se trouveront dés lors, et dès lors seule-

(1) Lettre sur la Musique, nouv. éd., p. XL.