Page:Wagner - La Tétralogie de l’Anneau de Nibelung, 1894.djvu/235

Cette page n’a pas encore été corrigée

PROLOGUE : L’OR-DU-RHIN, SCÈNE PREMIÈRE

231

WOGLINDE, riant.

C’est avec des éternuements qu’approche mon magnifique amant ! (1)

ALBERICH

Sois à moi, délicate enfant

(Il cherche a l'enlacer.)

WOGLINDE, se dégageant.

Si tu veux m’aimer, viens m’aimer ici !

Elle s'est élancée sur un autre roc. Ses soeurs rient.)

ALBERICH, se grattant la tête.

0 malheur : tu t’enfuis ? Reviens donc ! Tu montes là sans peine, toi : mais moi !...

WOGLINDE se laisse couler sur un troisième rocher, situé plus profondément.

Descends seulement au fond : là tu ne peux que m’attraper !

ALBERICH, sautant lestement.

Oui, là, en bas : certes, c’est bien mieux !

(1) Littéralement : « [C’est] en éternuant [qu’]approche la magnificence de mon amant ! » Je ne résiste point au désir de donner ainsi, ça et là, de telles citations à titre d’exemptes : qu’elles justifient, s'il en est besoin, les libertés que j’ai prises avec l’original, en cette traduction dramatique. Car enfin, c’est très bien, la littéralité : mais quoi ! déjà privée de musique, privée de ses allitérations, comme elle deviendrait infidèle aux plastiques beautés de la langue de Wagner ! Le mot sous le mot, ce n’est point traduction, c’est trahison. J’ajouterai que c’est souvent paresse, car pareil labeur mécanique n’exige aucune intelligence, aucun effort d'intelligence, et pourrait même se faire, horreur ! à coups de lexique.