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L'OR-DU-RHIN

SCÈNE PREMIÈRE (1)

AU FOND DU RHIN (*)

Crépuscule verdâtre, vers en haut plus clair, vers en bas plus sombre. La partie supérieure est pleine d’eaux fluctuantes, qui coulent de droite à gauche, indiscontinûment. Vers l’inférieure, les flots se résolvent en un voile de brouillard de plus en plus fin, de telle sorte qu'a hauteur d’homme un espace, à partir du sol, parait libre entièrement des eaux, qui passent, comme des trainées de nuages, sur le fond ténébreux. De toutes parts, limitant la scène, des bancs de rochers abrupts surgissent des profondeurs ; sur le sol, pas une place complètement aplanie : c’est un sauvage chaos de fissures, de déchiquetures, qui laisse de tous cotés, au plus noir des ténèbres, deviner de plus profonds abimes.

Autour d’un roc dressant, au centre de la scène, sa pointe aigüe jusque là où les eaux, dans une plus lumineuse clarté crépusculaire, affluent avec plus d’abondance. l’une des FILLES-DU-RHIN, d’un mouvement gracieux, nage en tournoyant.

WOGLINDE

Veya ! Veya ! (2) Vogue, ô la vague, la vague bercée, la vague berceuse ! (3) Vagalaveya Vallala veyala veya !

(1) Ou : « Premier Tableau ». - Voir la note (1) de la p. 27.

(2) Sur Weia ! Waga ! on lirait avec fruit un intéressant article philologique (en allemand), compris, sous ce titre, parmi les Wagneriana de M. Hans von Wolsogen.

(3) Littéralement : « Vogue, [ô] toi vague, - Ondoie au ber- ceau ! » Vibre en la vive ! traduit M. Édouard Dujardin. C’est

(*) Le motif de la Nature (Ur-Melodie, ou, plus exacte- ment, Motiv des Urdementes, motif des Eléments-primor- diaux) qu’expose le prélude de l’Or-du-Rhin, joue un rôle capital dans le système thématique de la Tétralogie. Il revient