Page:Wagner - La Tétralogie de l’Anneau de Nibelung, 1894.djvu/178

Cette page n’a pas encore été corrigée

1*14

DES CYCLES GERMANIQUES ET SCANDINAVES tère qu’est faite la profondeur, la poésie terrible du grand artiste

c’est la grande idée de Nécessité des dogmes du Nord, transposée dans la tristesse de son âme persécutée, qui fixe ces profils si stricts, qui bute ces fronts carrés, qui crispe ces sourcils dans une ombre soucieuse. Chez Holbein, le génie germanique aboutit plus touffu, et avec ce que le Moyen-Age lui a donné d’ingénuité et de bonhomie. L’Idée même est dans Durer ; dans Holbein, l’enveloppe, la vibration panthéistique de cette idée, ce merveilleux dont nous venons de noter quelques traits. Toutes les fantastiques morphes que le Moyen-Age allemand, en sa conception presque païenne de la Nature, envoluta autour des symboles du Nord, toutes ces giroyantes créations fantômales de sylphes, de nains, de bêtes apocryphes, véritable grouillement nabot ou dégingandé d’un cauchemar de Callot,

s’épandent formidablement dans la

Da~se-des-Mb~s

(1). Mais, pour reprendre, ici, un point qui demande explication, et bien que ce que nous allons dire puisse paraître paradoxal, c’est précisément parce que ces artistes étaient chrétiens, qu’ils purent si bien exprimer l’ancien génie païen et idolâtre de leur patrie. En effet, le Christianisme positif d’alors développait, surtout en Allemagne, un sens pratique de l’hyperbole, une vision raisonneuse, ergoteuse, des choses les plus lointaines, bien experte à démêler le chaos des vieux symboles. Par cette aptitude à garder, dans les plus eHarantes conceptions, ce sentiment de ia réalité, l’habitude, le pli, en quelque sorte, de la vie courante, domestique, ces artistes purent animer leur rêve d’une activité immédiate, l’enrichir d’une infinité de motifs familiers, où l’âme se reposait, en toute intimité, et sans s’apercevoir qu’elle eût changé de sphère. Le chefd’œuvre, dans la célèbre Afa~o/te d’Holbein, ce n’est (t) Sur la lignéedo ces trustes ptaronsHotTmann et Weber.