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DES CYCLES GERMANIQUES ET SCANDINAVES

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peur, use d’un subterfuge pour empêcher le Géant de finir son ouvrage dans les délais promis. EtThor, survenant, surprend le Géant dans son dépit, et, de sa massue, il lui fracasse le crâne. B Ce mythe scand’nave, c’est l’Amour sacrifié (presque) à la Puissance. Identique est le sens de la légende allemande du Moyen-Age. Avec le ton de l’époque, le ton intime et rustique d’un Téniers, elle marmotte que : Richesse ne fait pas Bonheur, et l’empêche souvent. Il y avait, une fois, un paysan de la Hesse, si pauvre, qu’il n’avait pas de quoi se bâtir une grange. Il s’adresse au Diable, lequel se charge de bâtir la grange du jour au lendemain, avant le premier chant du coq, si le paysan s’engage à lui donner

un bien qu’il possède mais

qu’il ne connaît pas encore a. Accepté. Or la femme du malheureux était enceinte, et l’enfant sera le salaire du démiurge. Déjà la grange est bâtie il n’y a plus qu’une tuile à poser, et il est encore nuit. Mais la femme du paysan s’en va incontinent dans la basse-cour, et elle fait si bien le coq, que tous les cocoricos des fermes environnantes répondirent. Et le Diable s’enfuit, penaud, sous cette moqueuse fanfare matinale, qui est comme l’éclat de rire de l’aube du bon Dieu. Nous pourrions multiplier ces exemples. Mais ceux que nous venons de rapporter constatent suffisamment la trace des traditions mythologiques et épiques du Nord à travers le Moyen-Age allemand. Plus tard, loin que l’Art chrétien fût impropre a exprimer ces traditions, elles benénciérent, au contraire, de toutes ses ressources. Jamais le légendaire ne fut plus vivace, plus nombreux, plus fouillé que dans l’Allemagne du xve siècle, à la veille d’Albert Durer et d’Holbein. !1 multipliait ses aspects par cela même qu’il avait plus de formes plastiques à son service. Ce sont les linéaments de ce pandœmonium qui saillissent, en angles si sauvages, dans l’/t~oca/~se

d’Albert Durer

c’est de tout ce mys-