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HO DES CYCLES GERMANIQUES ET SCANDINAVES ondes, émaner de magiques symphonies. Dans les lointains de limpidités, on entend des tintements de cloches, des modulations d’orgues, comme si l’abîme entier était une cathédrale toute grondante de vêpres. Les eaux semblent s’approfondir en basiliques de cristal ; et des chœurs harmonieux d’ondines- peuplent ces architectures transparentes. Ce sont de savantes musiciennes ; les séductions de leurs concerts sont faites, n’en doutez mie, de toutes les ressources d’un orchestre varié : saquebute, trombone, harpe, guiterne, viole, chalumeau. Soudain les sons défaillent, le silence s’étend, la lune étale plus largement le miroir de l’eau ; et, dans ce recueillement, une voix, une voix solitaire s’élève, lente, pure, extasiée comme un essor d’ange. C’est Lore-Ley, la belle fée du Rhin, l’éternelle fiancée ; elle chante la venue prochaine du bien-aimé, de l’unique Amant. Que de bons chevaliers ont péri dans les flots Nul ne fut le Prédestiné. Celui-là viendra-t-il jamais ? Combien de nuits couleront encore, semblables à cette nuit, pleines de l’appel langoureux et stérile. Combien de nuées rouleront encore sous le clair de lune, avant les nuées d’assomption qui emporteront vers l’éternité le beau couple enfin réuni. Elle est pourtant bien belle. L’évéque qui la cita comme magicienne n’eut pas la force de la condamner <–La douceur du regard, le frais incarnat du visage, la suave mélodie de la voix, voilà ma magie. n La légende de Lore-Ley, c’est presque le mythe de Brùnnhild. Elle aussi attend un Héros, un autre Sieg- fried. Mais Lore-Ley, par sa mélancolie, appartient trop encore au Moyen-Age. Viendra-t -il jamais, l’amant antique, prend, sous l’influence du génie romantique, une signification nouvelle. Le Cy~ne amène, en effet, vers le Kord, de vantante chevaliers qui tondent tes premiureb principautés des bords du tthin. An caractère religieux dont l’avait revêtu l’antiquité, le Cygne des traditions du Xord unit alors un caractère profondément historique

(.eorges

Kastner, LM Stt’MM).