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DESCYCLESGERMANIQUES

ET SCANDINAVES

théogoniques entrèrent si profondément dans la vie, dont ils purent accueillir les fastes. Le rêve et l’action se confondirent.

Communs, d’abord, oralement, à tout le monde germanico-scandinave, ces symboles, après la conversion de l’Allemagne au Christianisme, étaient remontés vers la Scandinavie, où les Skaldes les avaient recueillis. Or, les légendes historiques

du cycle des Nibelungen

se propagèrent, également, dans le Nord, en Danemark et en Norvège. Appuyées, là, sur les traditions religieuses, qui s’y étaient conservées intactes, elles y gardèrent ce caractère primordial, que les idées du moyen âge devaient, en Allemagne, déngurer. Elles y furent à l’abri des influences latines, les Danois et les Norvégiens s’étant déclarés les ennemis des Allemands, ~tès ceux-ci convertis et Charlemagne, en décimant les Saxons, éleva plus haut cette barrière. Ainsi c’est en Scandinavie que les traditions épiques de la Germanie se combinèrent avec les traditions religieuses du Nord, et acquirent, par ainsi, une ampleur, une portée symbolique.

Le cycle des héros burgundes, francs et goths fut comme raccordé aux anciennes mythologies. L’invasion d’Attila, la chute du premier royaume de Bourgogne, les exploits de Siegfried, tout cela se trouva cadrer, pour ainsi dire, avec des dogmes préétablis, avec des prédispositions d’àme, et qui auraient trouvé, dans ces événements, d’harmoniques résultats. Par l~ voix des Skaldes, chez des peuples qui avaient garde leur caractère natif, ces événements furent pro- (~amés avec une sorte de faste sacerdotal. Tandis que dans l’Occident latin, les Moines retraçaient, à leur façon, ce passé légendaire, ici il s’évoquait, vivant.

A cette force que prenait l’évocation, dans un milieu d’ingénuité, vinrent s’ajouter les rehauts des formes