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DES CYCLES GERMANIQUES ET SCANDINAVES si puissante, dans le Nord, c’est qu’il s’y trouva ce mythe tout prêt à les mouler ; mythe qui, par delà même ces figures, semble avoir expressément dominé la première moitié du Moyen Age depuis les luttes cupides des dynastes Mérovingiens et Carlovingiens jusqu’au monstrueux pillage de Constantinople. Quoi d’étonnant que, malgré les Moines, son influence se soit continuée, vivacement, dans les Nibelungen ?-C’est surtout

pour s’emparer de son trésor que Hagene tue Siegfried. Certes, les causes mythiques du crime de Hagene ne sauraient être indiquées dans le poème. On ne soupçonne pas qu’en s’appropriant le Trésor, lequel avait

appartenu aux Niflungen, esprits infernaux, Hagene,

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les venge sur la race qui les asservit, sur les Vôisungen, postérité d’Odin, et dont Siegfried est issu. C’est, symboliquement, la revanche des ténèbres sur le jour, le Crépuscule des Dieux. Mais, tel que le donne le ~Vt6e~M~e-nô~ le récit de l’événement est encore d’une àpreté, d’un tragique mal conciliable avec le ton d’une compilation de moines, et des approfondissements de fatalité se devinent, aux sonorités étranges, prolongées, qu’il répand alors. L’acte de Hagene n’est point personnel ; il est la volition du Destin. Cela se vérifie, à la fin du poème, lorsque Hagene paye de sa vie son refus de dire où est caché l’Or. Et il meurt, joyeux, certain que cet Or, enseveli par lui dans le Rhin, ne retombera jamais entre les mains de ses ennemis.