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DES CYCLES GERMANIQUES ET SCANDINAVES 149

Voici, maintenant, le moment de silence, où tous ces chants épiques, après avoir quelque temps flotté comme une âme solitaire, enfouirent dans l’asile des couvents le triste et fier souvenir des vieilles Barbaries (1). Le retentissement des boucliers se perdit au fond des absides le Bardit devint cantilène et l’orgue ensevelit l’âpre cri des batailles.

Et pourtant elle fut longue à mourir, cette vaste clameur. Ces Moines mêmes, que sentirent-ils, tout d’abord, dans ces Chants de jadis, qui les pût captiver ? C’est qu’ils s’y miraient, eux-mêmes, en ces côtés de rudesse et d’impétuosité barbares que la discipline canonique avait mal réprimés en eux. Cet effrènement, ces sursauts de race, je les retrouve dans la virulence des anciennes excommunications ! La loi d’excommunication est, sans nul doute, d’origine latine elle est la forme nouvelle et morale du bannissement romain

ni feu, ni eau. Mais

cette loi, pour avoir force, trouva, dans les moyens du clergé, mieux que les juridictions impassiblement systématiques de l’ancien monde la fougue aussi du monde nouveau, du Nord purifiant l’univers. Les Chants du Nord, tout pleins de cette fougue, n’eussent guère été modifiés par les Moines, lorsque ceux-ci les compilèrent, si ce travail ne se fût fait en vue de certaines fins que nous allons constater. Car si bien des raisons s’accordaient à conserver à ces chants, à travers toutes les vicissitudes, leur style d’authenticité, des influences latines, d’autre part, agissant invinciblement, ne tardèrent point à altérer cette physionomie première.

(t) C’est, très probablement, apre~ Charlemagne, et à son exemple, que tes Moines recueillirent les poésies barbares, en même temps que ce groupe de récits qui contiennent tout le légendaire cartovingien la

Chronique de r~rpt/t (Roland à Roncevaux) tes Cax~~f.t A<M !~uM le CA<M<de Fo~May, la Co~t~e

Louis /f à BeMt’M< (Uissolution de l’empire cartovingien) la CAroM<~ <<« Jfo<M S<Ca~ (Cycle de

< ;har)emagne), la Chronique de ~Maye de Sa</t<AmM<< (Invasions northmannes).