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AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR

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Mais surtout, qu’il médite sur l’Art, et sur ce que serait un Peuple

aux yeux duquel de pareils Drames, issus des sources nationales,

deviendraient

le signe de

Disciplinés par une volonté despotique, ils ne songent nullement à leur métier do chanteurs. Toute idée de virtuosité est éteinte </aM<leur âme ; pour rien au monde, ils ne voudraient faire valoir tes artifices de leurs gosiers, ou gagner par des tours de force vocaux les bravos des dilettanti. Leur unique et constante préoccupation est d’entrer dans l’idée du pocme et de représenter dignement le personnage dont ils portent le costume. Les hommes out la taille des héros, les femmes sont belles ; gestes, attitudes, silences, t~on<fOM<apprisdu ma~rf, et traduisent fidèlement, consciencieusement la physionomie qui. pour une soirée, devient leur être véritable. Ce n’est pas herr Niemann ou herr Schlesser, ce n’est pas frau Materna ou frau Wekertin c’est Siegfried, Hagen et les Walküres. La scène est machinée avec art ; elle a su utiliser toutes les inventions de la science moderne prodiges ji’y

succèdent, toujours commentés par cet orchestre qui euveluppe la r~ffMHfO~tOM d’une MMOrt<<’magique. LE PMUKOMÈXE S’ACCUMPUT,

et, dans ce demi-rêve où tout ce magnétisme l’a jeté, l’esprit du spectateur, ACCEPTANT,SAKSLAXOMDBE RESISTANCE,LESOBSCUMTÉS,

LES XAtVETÉS,PARFOISLES MONSYRUOStTÉS DE LA LEGEXBE,est

violemment tiré hors de tui-méme songeur, inconscient, halluciné, il chevauche, à la suite du poète, emporté par une imagination sans frein à travers !o pays fantastique que peuplent les dieux, tes héros, tes chimères et tes fées. » Ces deux termes

« chi-

mères

et fées

sont malheureux et me gâtent le reste. Des < fées < ? sont-ce des Wc/ttirM que M. Fouque veut dire ? Des « chimères ? seraient-ce le Dragon du ~<tHO< et celui

dn Drame do Siegfried ? N’importe 1 L’essentiel est que sur te fond de la chose, l’auteur de l’article ait dit juste. Oui, placé dans les conditions pour lesquelles seules le Drame est fait, le spectateur français tui-méme accepterait, j’en suis certain, tout ce que, dans ~iMnMM dM Nibelung, plusieurs dénomment la ména-

gerie

Une partie du but de Wagner ne fut-elle pas de nous arracher au souvenir de la vie réettc ? (Cf. G~aMW~fe Schriften, t.Vm, p. 31, et ci-dessus, pp. i5.i7.i9 ; et63.n (i)de provoquer un état d’éme plus favorable à la vision, à la conception des choses idéates ? de faire parvenir notre esprit, jeté dans une ~urte de rêve, jusqu’à cette entière clairvoyance où il découvre un enchaînement, <cun nouvel enchaînement des phénomènes du monde, que, dans l’état de veille ordinaire, nos yeux ne pouvaient apercevoir ? ~Cf. Lettre sur la Musique,p. LVHt.) Or, si le but est,rempli, qu’im-