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AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR

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le son des répliques traduites au son des répliques originales c’est pourtant essentiel, ce me semble Et c’est pourquoi des œuvres dramatiques françaises, quand elles sont d’un homme de génie, bouleversent, à la lecture, presque autant qu’au théâtre au lieu que les plus vivantes des œuvres étrangères, dans une traduction, nous laissent froids sans doute quelques très rares Artistes parviennent-ils à se rendre compte de leur mouvement, mais au prix d’un effort qui diminue, toujours, la fraîcheur de joie esthétique de la sensation directe. Qu’est-ce donc pour la masse du Public, incapable (faute d’expérience) incapable de cet effort Hé

bien 1 voilà un reproche que l’on ne fera pas, je m’en flatte, à ma Traduction de la 7W/o ;e. Il n’est pas

une phrase, pas un mot, qui n’aient été placés, déplacés, remplacés, jusqu’à ce que la correspondance m’ait

semblé parfaitement exacte entre chaque son du texte allemand et chaque son du texte français l’air que ma voix a fait vibrer ne peut fournir la preuve de pareils efforts mais l’un de mes manuscrits, que je garde soigneusement, porte trace de ce furieux labeur ony

trouverait, me fait-on remarquer, des passages remaniés jusqu’à so xante-douze foia.

Au reste, si jamais ten-

tative fut à pareil point nécessaire, c’est bien à propos d’un Poème ’omme celui ou ceux d’un Richard Wagner : puisqu’il ave ulu « 

opérer, par la représentation scénique, une impression irrésistible, et faire qu’en sa présence enfin s’évanouisse, dans le sentiment purement humain, toute velléité même </e ye/Ie.c<o~ abstraite (1) n, il fallait, autant que le permet la prose, viser à produire cet effet sur le lecteur d’une Traduction ; lui otfrir le Drame, en un mot, sous une forme tellement dramatique, qu’il n’eut aucun effort de < ye/r~’o~ à faire

(il Lettre sur la Musique,pp. LXXIH-LXXrV. Cf. ci-dessus 97, passageen italiques.