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mépris — l’amour fraternel. Comment la réalisation de ces préceptes se maniteste-t-elle en pratique dans notre monde moderne, qui se prétend cependant chrétien et considère la religion chrétienne comme la base intangible ? Sous forme d’orgueil de l’hypocrisie, usure, vol des biens de la nature et dédain égoïste du prochain dans la souffrance. D’où vient ce contraste brutal entre l’idée et la réalisation ? Du fait même que l’idée était maladive, qu’elle avait germé du relâchement et de l’affaiblissement momentanés de la nature humaine, et qu’elle péchait contre la vraie, la saine nature de l’homme. Mais cette nature a démontré combien elle est forte, combien inépuisable est sa fécondité productrice sans cesse renouvelée, et cela précisément sous la pression universelle de cette idée, qui, si elle s’était accomplie jusqu’en ses dernières conséquences, eût en vérité extirpé complètement l’homme de la terre, puisqu’elle comprenait l’abstinence de l’amour sexuel au nombre des plus hautes vertus. Mais vous voyez que malgré la toute puissante Église il y a une telle abondance d’hommes, que votre sagesse d’état christiano-économique ne sait que faire de cette abondance, que vous cherchez des moyens sociaux d’extermination pour vous en débarrasser, que vous seriez même vraiment heureux si l’homme avait été tué par le Chris-