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par la liberté réelle à une égale force, par la force au véritable amour, par le véritable amour à la Beauté : mais la Beauté en action c’est l’Art.

Ce qui nous apparaît comme le but de l’existence règle notre éducation et celle ne nos enfants. Le Germain était élevé en vue de la guerre et de la chasse, le chrétien sincère en vue de la continence et de l’humilité, le sujet de l’État moderne l’est en vue des profits industriels à acquérir, fût-ce au moyen de l’Art et de la Science. Si notre libre homme de l’avenir n’a plus pour but de sa vie l’acquisition des moyens de subsistance, mais que, grâce à une nouvelle croyance, ou mieux science, devenue principe d’action, l’acquisition des moyens de subsistance en échange d’une activité naturelle proportionnelle n’est plus soumise à aucun aléa, — en un mot si l’industrie n’est plus notre maîtresse, mais bien notre servante, nous mettrons le but de la vie dans la joie de vivre et nous nous efforcerons de donner par l’éducation à nos enfants la capacité et la force de jouir de cette joie le plus effectivement possible. L’éducation, partant de l’exercice de la force, des soins de la beauté physique, deviendra essentiellement artistique, grâce déjà à un amour pour l’enfant, amour que rien ne troublera, et à la joie de voir croître sa beauté, et chaque homme, dans un sens, sera en vérité