La révolution de février enleva à Paris aux théâtres la protection officielle, et beaucoup d’entre eux menacèrent de tomber. Après les journées de juillet, Cavaignac, chargé du maintien de l’ordre social existant, vint à leur secours et réclama aide pour conserver leur existence. Pourquoi ? Parce que la famine, le prolétariat seraient augmentés par la chute des théâtres. Voilà donc le seul intérêt que l’État prenne au théâtre ! Il voit en lui l’établissement industriel ; et accessoirement, aussi un dérivatif affaiblissant l’esprit, absorbant le mouvement, souverain contre l’agitation menaçante de l’intelligence humaine échauffée, qui, dans la plus profonde tristesse, couve les moyens par lesquels la nature humaine déshonorée reviendra à elle-même, fût-ce aux dépens de l’existence de nos institutions théâtrales si bien adaptées à leur but !
Eh bien ! voilà qui est honnêtement dit, et
l’on peut rapprocher de la franchise de cette
sentence les lamentations de nos artistes modernes et leur haine de la Révolution. Mais
qu’est-ce que l’Art a de commun avec ces
soucis, avec ces lamentations ?