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contraire dû dans l’essence de l’esprit abstrait, la grâce de Dieu, prendre la volonté et trouver l’instrument, — mais quel aurait pu être son but ? Ce ne pouvait être la beauté physique qui selon lui émanait du diable ! Et comment l’esprit aurait-il pu d’ailleurs produire quelque chose de perceptible aux sens ?

Toute subtilité de raisonnement est ici stérile ; les événements historiques montrent le plus clairement possible le résultat des deux mouvements opposés. Tandis que les Grecs pour leur édification se réunissaient dans l’amphithéâtre pendant quelques heures remplies d’impressions profondes, les Chrétiens s’enfermaient leur vie durant dans un cloître : là-bas c’était l’assemblée du peuple, ici l’Inquisition qui jugeait ; le développement de l’État conduisit là à une démocratie sincère, ici à un absolutisme hypocrite.

L’hypocrisie est le trait le plus saillant, la physionomie propre de tous les siècles chrétiens jusqu’à nos jours, et ce vice s’accusa toujours plus vif et plus éhonté à mesure que l’humanité tirait de son intarissable source intérieure, malgré le christianisme, une fraîcheur nouvelle et devenait mûre pour la solution de son véritable problème. La nature est si forte, elle enfante toujours à nouveau si inépuisablement qu’aucune puissance imaginable ne serait capable d’amoindrir sa force de