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impossible peut-être, et pourtant la seule qui vaille d’être rêvée.

Pendant l’automne de 1848, Wagner composa le poème de « la mort de Siegfried », première ébauche de la future « Tétralogie ». À cette époque il conçut également le plan d’un « Jésus de Nazareth », œuvre par laquelle devait s’exprimer ce désir de la mort, naturel à l’homme comprimé par la société moderne, désir qui est une des premières manifestations de l’esprit de révolte. Mais il sentit ce qu’il y avait de transitoire dans ce sentiment et renonça à donner forme à son sujet, se trouvant d’ailleurs ramené par les circonstances à prêter attention aux événements politiques.

Au début de l’année 1849 la situation en Allemagne devint de plus en plus tendue : la réaction avait eu le temps d’organiser ses forces, elle se préparait à étouffer par la violence la révolution, et les véritables intentions des princes apparaissaient clairement. La promulgation de la Constitution de l’Empire élaborée par le parlement de Francfort (fin mars 1849) fit tomber les masques : les plus puissants des princes, notamment le roi de Prusse et le roi de Saxe, refusèrent de reconnaître cette constitution, qui cependant ne pouvait être considérée comme trop démocratique et qui était loin d’anéantir leur pouvoir. Mais ils ne voulaient rien céder de leur autorité arbitrai-