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le caractère du théâtre moderne : ce caractère, il l’a défini d’une manière frappante, notamment dans « l’Art et la Révolution ». Ayant constaté la décadence du théâtre, il en voulut rechercher les causes et les découvrit bientôt dans la vie sociale de notre époque. Révolutionnaire par tempérament, il ne s’était intéressé jusque là aux événements politiques que dans la mesure où s’y manifestait la rebellion de la simple nature humaine contre l’esclavage des lois extérieures. La libération de cette pure nature humaine, dans toute sa spontanéité, dans toute sa force primordiale, qui était son but en art, devait être son idéal en politique. Aussi entra-t-il dans le courant d’idées suivi par les penseurs les plus avancés de ce temps, courant que nous pouvons qualifier, en nous servant de la terminologie actuelle, d’ananarchiste.

Bientôt éclata la révolution de 1848 qui fit, de prime abord, concevoir aux peuples d’Allemagne de si grandes espérances ; la révolution était partout triomphante, elle avait surpris à l’improviste les princes imprévoyants, qui conscients de leur faiblesse, avaient aussitôt promis de réaliser toutes les réformes demandées, sans avoir, s’entend, l’intention d’en rien faire. Le peuple, comme de coutume, se laissa duper : il attendit, se fiant à la parole donnée, l’accomiplissement des ser-