Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
––––––––––Semblable merveille
––––––––––n’est pas croyable :
–––––––car s’il me faut l’admettre,
–––––––ta puissance est éternelle.
Alberich.
––––––––––Crois-tu que je mente
––––––––––comme fait Loge ?
Loge.
––––––––––Jusqu’à la preuve,
–––––––je dois nier ton dire.[1]
Alberich.
––––––––––Bouffi d’orgueil,
––––––––––l’imbécile se gonfle :
––––––––––or, crève d’envie !
–––––––Choisis, et dis quel aspect
–––––––je dois prendre soudain ?
Loge.
––––––––––Celui que tu veux :
–––––––mais frappe-moi de stupeur !
Alberich

(qui s’est coiffé du heaume).

–––––––« Grand dragon,
–––––––rampe et se roule ! »

Il disparaît aussitôt ; à sa place, un reptile gigantesque roule ses anneaux monstrueux sur le sol ; ce dragon se dresse et avance sa gueule grande ouverte vers Wotan et Loge.

Loge

(affectant d’être saisi de frayeur).

––––––––––Ohé ! Ohé !
––––––––––Monstre effroyable !
––––––––––ne mange pas Loge !
–––––––Laisse-lui l’existence !
Wotan

(riant).

––––––––––Bien, Alberich !
––––––––––Gnome habile !
––––––––––Tu fais bien vite
–––––––un monstre terrible du Nain !
  1. Var. : Sans l’avoir vu
    je n’y croirai jamais.