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La vapeur sulfureuse s’obscurcit jusqu’à ce qu’elle forme un manteau de nuages complètement noirs, qui se déplacent de bas en haut ; ces nuages se transforment ensuite en solides blocs et parois rocheuses, dont les crevasses constituent des sortes de failles ou couloirs de rocs, lesquels continuent sans cesse de s’élever, de façon que la scène semble s’enfoncer toujours davantage aux profondeurs de la terre.

SCÈNE TROISIÈME.

Une lueur d’un rouge sombre commence finalement à poindre de divers côtés, comme venant du lointain ; on distingue, à perte de vue, un grand

abîme souterrain

qui s’étend très loin eu où paraissent déboucher, dans tous les sens, des fissures profondes et d’étroites crevasses.

Albhrich tire par les oreilles Mime, qui pousse des cris aigus de douleur, et l’amène hors d’une galerie latérale vers le milieu de la scène.

Alberich.
––––––––––Héhé ! Héhé !
––––––––––viens ça ! viens ça !
––––––––––Nain fallacieux ![1]
––––––––––Rudes coups d’ongle
––––––––––vont t’écorcher,
––––––––––si tu n’achèves
––––––––––comme j’ai dit,
–––––––sur l’heure l’objet merveilleux.
Mime

(hurlant).

––––––––––Ohé ! Ohé !
––––––––––Aou ! Aou !
––––––––––Lâche-moi donc !
––––––––––Tout est fait,
––––––––––tel que tu veux,
––––––––––sueurs et soins
––––––––––l’ont réussi :
–––––––ôte tes ongles de moi !
Alberich

(le lâchant).

––––––––––Que tardes-tu donc,
––––––––––sans rien montrer ?
  1. Var. : Gnome astucieux !