Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/360

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ACTE II.



Scène I.

(Au bord du Rhin, devant le palais des Gibichungs. A droite, l’entrée ouverte du palais ; à gauche la rive du fleuve d’où monte, en travers de la scène, une hauteur rocheuse, sillonnée de plusieurs sentiers, dirigés vers la droite, au fond du théâtre. Là, et se dressant sur le même plan, une pierre sacrée en l’honneur de Fricka et une autre en l’honneur de Donner. Entre les deux, mais plus haut, une pierre plus grande en l’honneur de Wotan. — C’est la nuit. — Hagen, la lance au bras, le bouclier contre son flanc, est assis et dort adossé à un pilier du palais. — La lune jette, tout à coup, une vive lueur sur lui et sur ce qui l’entoure immédiatement. On voit Alberich accroupi devant le dormeur aux genoux duquel il appuie ses bras.)
Alberich.
(à voix basse).
Dors-tu, Hagen, mon fils ?
Tu dors et restes sourd
à l’être sans sommeil ?
Hagen.
(à voix basse, semblant toujours dormir, bien qu’il ait les yeux ouverts).
Va, je t’entends, alfe sombre.
Que viens-tu, quand je dors, me dire ?
Alberich.
Apprends quel pouvoir
tu peux attendre,
si tu es brave,
toi qu’ainsi ta mère enfanta !
Hagen.
(comme précédemment).
Si d’elle j’eus du cœur
lui dois-je rendre grâce
d’avoir cédé à ta ruse ?
Tôt vieux, laid, blafard,
je hais la joie,
triste à jamais !