Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/338

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Gunther.
Qui peut obliger cet homme
à s’entremettre ainsi ?
Hagen.
Ton vœu pourra l’y contraindre
s’il voit Gutrune d’abord.
Guntrun.
Tu railles, aigre Hagen !
Pour lui quel charme aurais-je ?
Le plus brillant
des héros humains
de femmes belles entre toutes
dut être aimé déjà.
Hagen.
(se penchant vers Gutrun comme pour une confidence).
Eh ! songe au philtre secret
et crois en moi qui l’ai conquis.
Tel brave qu’il te plaira
par son pouvoir sera tien.
Vienne donc Siegfried ici.
Qu’il boive le philtre enivrant ;
avant toi la femme qu’il vit
— bien mieux, qu’il put rechercher, —
s’efface, tombe en oubli.
(Gunther s’est rapproché de la table, il s’y appuie en écoutant avec attention.)
Or, dites :
bon semble mon conseil ?
Gunther.
(se redressant vivement)
Louanges à Grimhild
de qui ce frère nous vint !
Guntrun.
Oh ! que Siegfried s’offre à moi !