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Pourtant, assez de paroles :
Allons, dis mon chemin.
Suis ta route, après, sans délai ;
Tu n’as rien à faire de mieux :
Donc, parle, ou gare à mes poings !

Le Voyageur.

Si ta fierté m’eût connu,
l’affront m’eût épargné.
Toi qui m’es cher,
triste dois-je à t’entendre.
Si, dès longtemps,
j’ai chéri ton sang,
mainte douleur
par moi vint l’accabler.
Quand moi, je t’aime,
Moi, l’auguste,
prends garde à mon courroux,
redoutable pour toi et moi !

Siegfried.

Te tairas-tu,
drôle obstiné ?
Cède la place
car, certes, là-haut,
est une vierge qui dort.
L’oiseau fut mon guide ;
il volait là quand il m’a fui.

(L’ombre revient tout d’un coup.)
Le Voyageur
(dans un mouvement de colère, sur un ton impérieux).

Il t’a fui pour son salut !
Il craint le maître
des noirs corbeaux :
Tremble s’ils l’ont atteint !
La route qu’il te montre
n’est point pour toi !

(Siegfried surpris se redresse, en une attitude de défi.)