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Mime.

J’ai honte, vain forgeur
qu’un simple apprenti confond.
A son art le vieux renonce ici :
Il cuit des mets pour toi.
Si le garçon cuit l’acier,
le vieux lui chauffe
un bon petit plat.

(Il continue sa cuisine.)
Siegfried.

Mime, l’artiste, fait des… soupes ;
la forge n’est plus son fait.
Tous ses glaives,
je les ai mis en pièces…
Ses brouets ne valent pas mieux.[1]

(Maintenant Siegfried enlève le moule du feu, le brise et place l’acier incandescent sur l’enclume.)

La crainte, il veut que je la connaisse :
Un monstre doit m’en instruire.
Ce qu’il sait ce moins mal,
lui, mal me l’apprend.
Il gâche toujours ce qu’il touche !

(Tout en forgeant.)

Ho-ho ! Ho-ho ! Ho-heï !
Forge, marteau,
un solide fer.
Ho-ho ! Ho-heï ! — Ho-ho ! Ho-heï !
Le sang teignit
ton pâle bleu ;
ses rouges flots
jadis t’ont rougi.
Froide, lors, tu riais,
léchant sa tiède coulée !
Heï-aho ! Ho-ho ! Ho-heï !

Tu prends au feu
rougeur de feu

  1. Var. : je n’y toucherai.