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poëmes et partitions, comme presque personne, même en Allemagne, si bien qu’aucune intention du maître ne lui échappait, mais, en dehors de cette science, il était brûlé du feu sacré d’une véritable inspiration. — J’estime que bien peu de gens sont en état d’apprécier ses versions à toute leur valeur. Les difficultés inhérentes à de tels travaux sont tellement inouïes, les compromis y sont si inévitables, la langue qui en résulte est, forcément, si étrange aux yeux de celui qui se contente de lire sans se rendre compte des mille liens des paroles à la mélodie chantée et à la trame de l’orchestre que l’élite seule peut reconnaître ces tours de force accomplis constamment par Ernst. De pareils aboutissements sont faits pour l’avenir ; ils méritent le respect et l’admiration. »

M. H. S. Chamberlain a hautement raison. Les versions d’Ernst faites pour être chantées et non pour être lues, répondent à ce point aux fonctions unies du verbe parlé et de la musique qu’elles ne sont plus discutées que par les inconscients, gênés dans leurs habitudes, ou par des esprits intéressés. Elles sauvegardent si fermement, à l’audition, l’impression de l’original que le public le moins prévenu s’y fait sensible. Ne l’a-t’on pas vu, récemment, au Théâtre des Arts de Rouen où Siegfried, non encore joué en France, faisait son apparition ? Les spectateurs, du commencement à la fin de la soirée, n’ont cessé de battre des mains, enthousiasmés, charmés, émus tour à tour. Le chef-d’œuvre aura bientôt reçu la même accueil en bien d’autres villes françaises. C’est grâce à la traduction d’Alfred Ernst que de semblables résultats ont pu se produire. Que sa mémoire en soit honorée.

Paris, 26 Février 1900.

L. DE FOURCAUD.