Page:Wagner - L’Anneau du Nibelung, trad. Ernst.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ACTE Ier.

L’intérieur d’une habitation.

Au milieu s’élève le tronc d’un frêne puissant, dont les racines fortement saillantes vont se perdre au loin dans le sol ; un toit de charpente divise la hauteur de l’arbre, séparant la cime du tronc ; ce tronc et les branches qu’il étend traversent le toit en des ouvertures qui leur correspondent exactement ; on devine la cime feuillue de l’arbre, élargie au-dessus du toit. Autour de la souche du frêne, qui en marque le centre, une salle d’habitation est construite ; les murailles sont faites d’ais grossièrement équarris, que recouvrent de-ci de-là des pièces d’étoffe tissée. À droite, vers le devant de la scène est placé le foyer, dont la cheminée monte vers le toit, sur le côté. Derrière le foyer se trouve une pièce analogue à une réserve aux provisions ; quelques marches de bois y donnent accès ; un rideau d’étoffe, fermé à demi, et suspendu à l’entrée. Au fond de la scène, la porte d’entrée de l’habitation, avec un léger loquet de bois. À gauche de cette porte, on va vers une pièce intérieure, à laquelle des degrés de bois conduisent également ; du même côté, beaucoup plus en avant, une table avec un large banc qui tient à la muraille, et devant la table des escabeaux de bois.

Un court prélude orchestral de mouvement véhément et tempétueux sert d’introduction. Au moment où le rideau s’écarte, Siegmund ouvre de l’extérieur, en hâte, la porte de l’habitation, et entre. C’est le soir ; violent orage, qui commence à se calmer. — Siegmund s’arrête un instant, la main sur le loquet, et explore du regard l’intérieur de l’habitation : il semble épuisé par un effort extrême ; ses vêtements et son aspect montrent que c’est un fugitif. Comme il ne voit personne, il ferme la porte derrière lui, va vers le foyer, et là se jette accablé sur une couverture de peau d’ours.

Siegmund.
–––––––––Ce seuil, quel qu’il soit —
–––––––––Là — je m’arrête…

Il s’affaisse à la renverse et reste quelque temps étendu sans mouvement. Sieglinde sort de la pièce intérieure. Ayant perçu du bruit, elle avait cru que son époux était rentré : son visage triste s’empreint d’étonnement lorsqu’elle voit un étranger étendu près du foyer.)