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HALÉVY ET LA « REINE DE CHYPRE »

Que si nous jetons un dernier regard sur l’ensemble de la Reine de Chypre, si nous en examinons avec soin les qualités les plus saillantes et les plus caractéristiques, nous trouverons d’abord que l’auteur continue à s’avancer dans la route qu’il a frayée dans la Juive, puisqu’il s’attache de plus en plus à simplifier ses moyens. Cette tendance qui se révèle chez un compositeur doué de forces exubérantes qui auraient pu l’amener plutôt à douter de l’efficacité des moyens déjà en usage, est d’une grande importance ; elle prouve de nouveau qu’il n’y a que ceux qui font abus de ces moyens qui les trouvent insuffisants ; que l’artiste doit chercher ses richesses dans la puissance créatrice de son âme. C’est vraiment un beau spectacle que de voir comment Halévy, tout en restreignant ses moyens à dessein, comme il est facile de le remarquer, a réussi à obtenir une si grande variété d’effets, sans compter que par là il rendait ses intentions d’autant plus claires et plus intelligibles. Au reste, les procédés qu’Halévy a employés et l’influence qu’ils exercent sans doute sur l’art contemporain, ont trop d’importance pour ne nous en occuper qu’ainsi en passant. Nous nous réservons de revenir une autre fois sur ce sujet, et de le traiter avec toute l’attention qu’il mérite.